L’architecte de la vengeance, de Tochi Oneybuchi

Ella vit en Californie dans un quartier défavorisé, elle est noire et a un don qui lui permet de voir l’avenir des personnes qu’elle croise. Elle sait que les petits garçons de son voisinage appartiendront certainement à des gangs et certains seront tués très jeunes. Son petit frère Kevin nait durant les émeutes de 1992, suite à l’acquittement de policiers blancs qui ont tabassé un Noir. La famille déménage à Harlem, dans un appartement minuscule, dans un quartier où la délinquance est importante. Les deux enfants sont très liés et Ella veut protéger son frère des nombreux dangers qui le guettent. Son don se développe, mais elle ne le maîtrise pas et risque de tuer sa mère, aussi part-elle dans le désert pour le développer sans faire courir de risques à sa famille. Kevin est bon élève, il est ambitieux mais finit par se laisser entraîner dans un braquage qui tourne mal par son meilleur ami.

J’ai eu beaucoup de peine avec ce roman très violent et sans nuance. Il nous parle de la condition des Noirs américains qui vivent des des quartiers délabrés, n’ont pas d’avenir, peuvent être abattus sans raison par la police etc. On les emprisonne pour un oui ou un non, et même lorsqu’ils peuvent sortir en conditionnelle, on continue de les contrôler. Kevin est présenté comme une victime, Ella a un certain pouvoir grâce à son don qui lui permet de voir le passé et l’avenir des gens, mais elle ne rêve que de vengeance. J’ai de la peine avec ce genre de littérature. Finalement la haine des blancs parce qu’ils sont blancs ne fait qu’alimenter les violences raciales aux USA, justifier l’idéologie suprématiste et faire perdurer un cercle vicieux meurtrier sans espoir d’en sortir. Comme l’auteur le souligne, la société américaine s’est construite sur la violence puisque la terre a été volée aux Indiens, mais on dirait qu’elle s’y complaît avec délice. Je ne nie pas les terribles injustices que subissent les minorités dans ce pays, mais je doute que la solution soit celle préconisée par Ella, qui souhaite juste inverser la situation.

Le roman est suivi de deux articles qui précisent le contexte et l’expliquent. Le manque de nuance m’a dérangée, tous les Noirs sont des victimes, tous les blancs sont d’infâmes salauds (les flics ou les gardiens de prison) ou des minables (les turfistes). Sinon j’ai apprécié le côté fantastique et les pouvoirs d’Ella qui structurent le récit. Elle se donnera les moyens d’en faire quelque chose de positif, du moins de son point de vue.

Le style est à l’image du récit, sans fioriture. La narration n’est pas très construite, c’est une suite de scènes et de flashbacks qui laissent la première place au ressenti et à la colère de l’auteur, c’est cohérent avec le message. Ce roman est avant tout un cri de rage devant les injustices subies par la communauté noire. Je peux évidemment l’entendre et le comprendre, mais la solution me heurte : Est ce que la vengeance désirée ne va pas seulement engendrer encore plus de haine, de violences et d’injustices ? Pour moi la lutte contre le racisme ne consiste pas à remplacer une sorte de discrimination par une autre mais plutôt d’essayer de construire une société diverse, apaisée et tolérante, mais certains considèrent ce point de vue comme de la naïveté. Merci à Netgalley et Audiolib pour cette découverte.

#LArchitectedelavengeance #NetGalleyFrance !

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