La fureur de Frédégonde, d’Eric Fouassier

Brunehilde se retrouve bloquée à Paris suite à l’assassinat de son mari par Chilpéric, il faut dire que dans la famille mérovingienne l’amour fraternel n’est pas très vif. Elle arrive à faire évader son fils de cinq ans grâce à son ami Arsenius, le petit sera conduit à Metz où se trouve la cour d’Austrasie, tandis que la reine déchue tombe aux mains de son beau-frère qui l’envoie à Rouen. De son côté Arsenius est appelé par son parrain, Grégoire de Tours qui est confronté à la mystérieuse disparition du prieur du monastère local et à un étrange miracle à propos d’une relique. Le jeune érudit commence une difficile enquête avec son amie Wintrude, ce qui le dégoûtera à tout jamais de la politique.

Ce deuxième volume consacré aux Francs suit deux fils rouges, d’une part l’enquête d’Arsenius en filigrane, mais il se concentre surtout sur les évènements historiques, en particulier le conflit sanglant entre les Austrasiens et les Neustriens. Brunehilde et Frédégonde se vouent une haine implacable et se combattront durant près de cinquante ans, sans jamais se rencontrer. Le côté polar est nettement moins développé que dans le tome 1, Par deux fois tu mourras. A l’origine, il était prévu d’écrire une trilogie, qui est devenue une duologie à la suite de conflits éditoriaux, ainsi l’auteur a dû condenser deux tomes en un seul, ce qui ne permet pas le développement optimal de l’enquête d’Arsenius.

Comme toujours avec Eric Fouassier, ce roman est très bien documenté et à la fin il nous révèle quels éléments sont historiques et lesquels relèvent de la fiction, un procédé que j’apprécie beaucoup. La bibliographie est impressionnante. Il a suivi l’opinion de Grégoire de Tours, qui appréciait Brunehilde et détestait Chilpéric et Frédégonde. L’évêque présente les souverains neustriens comme une sorte de couple infernal, la reine n’est qu’une intrigante qui est parvenue sur le trône grâce à ses charmes, une femme fatale qui a de nombreux crimes sur la conscience. Brunehilde la méprisait à cause de sa base extraction, elle a été la servante d’Audowère, la première épouse de Chilpéric avant de mettre le roi dans son lit, tandis que la reine d’Austrasie était une princesse wisigothe. Le roman détaille tous les méfaits de la terrible Frédégonde, qui n’hésite pas à faire couler le sang de ses ennemis ou des enfants que son mari a eu de ses précédents mariages. Le personnage de Mérovée est intéressant, il sera pris dans le conflit entre les deux reines. Les moeurs de l’époque n’était pas au politiquement correct, la violence est omniprésente.

J’ai beaucoup aimé ce roman historique très fouillé et passionnant, les pages se tournent toute seule. Il nous permet de mieux connaître cette période lointaine et bien oubliée. Par contre j’aurais dû lire ce tome plus rapidement; comme les deux volumes viennent de sortir en livre de poche, je vous conseille de les enchaîner pour ne pas s’y perdre.

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