Le crime d’Orcival, d’Emile Gaboriau

J’ai retrouvé avec plaisir Monsieur Lecoq, ancêtre de Sherlock et un des tout premier héros de roman policier. J’apprécie que les Editions Voolume nous permettent de redécouvrir cet auteur un peu oublié, mais dont les livres passionnants n’ont rien à envier aux polars contemporains.

Deux braconniers trouvent le corps de la comtesse de Trémorel, ils hésitent à avertir les autorités, mais finalement leur bon geste sera bien mal récompensé puisque le juge d’instruction venu de la ville voisine voit en eux et dans le jardinier des coupables tout trouvés. Monsieur Lecoq est dépêché de Paris par la Sûreté. Il comprend tout de suite que la situation n’est pas aussi simple que le juge veut bien le croire, il examine la scène de crime en détail et est conforté dans ses investigations par le père Plantat, le juge de paix qui connaissait bien le comte et la comtesse. D’ailleurs le mari est aussi introuvable, a-t’il aussi été assassiné et jeté à l’eau ou la vérité est-elle bien plus trouble ?

Lecoq est animé par un désir de justice et une volonté de comprendre ce qui s’est vraiment passé, contrairement au juge d’instruction qui préfère boucler son enquête rapidement en allant au plus évident. L’examen de la scène de crime est très intéressant, Lecoq est un fin observateur et possède un esprit de déduction affuté dont ne rougirait pas Hercule Poirot. Derrière ces apparences simples se cache une vengeance diabolique et raffinée. Le père Plantat a un intérêt tout personnel à la bonne résolution de l’enquête, tout comme le maire du village, plutôt haut en couleur.

Les personnages sont très travaillés et détaillés, leurs caractères et motivations passés au crible. Gaboriau pose un regard ironique sur la vie de son temps, marquée par une grande hypocrisie sociale et le règne des apparences, mais est-ce bien différent aujourd’hui ? La vision des femmes et de leur rôle est celle de l’époque, elle n’est pas très flatteuse. On a d’une part la comtesse, une intrigante prête à tout pour parvenir à ses fins et toujours insatisfaite de son sort, et d’autre part Laurence, jeune écervelée séduite qui se montrera plus courageuse que son amant. Les femmes sont donc toujours dépendantes des hommes.

Les réflexions sur la justice sont intéressantes et plutôt novatrices, l’auteur fustige les injustices et l’aveuglement des institutions. Le juge réagit selon ses préjugés et ne peut concevoir que des petites gens puissent être accusés à tort, ils sont forcément coupables, les apparences sont contre eux. Dans toutes ses enquêtes Lecoq s’oppose à l’arbitraire du temps et fait triompher la justice sans hésiter à s’en prendre aux puissants. Comme tout bon roman policier, cette série offre un regard critique sur la société.

La version audio lue par Philippe Caulier est vraiment excellente, il donne vie avec brio à de nombreux personnages, nous permettant un voyage dépaysant au milieu du dix-neuvième siècle. De plus la couverture est superbe et donne encore plus envie de découvrir ce roman qui est une fois de plus un gros coup de coeur. Merci à Netgalley et Voolume pour leur confiance.

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